Pour réduire drastiquement le volume d'eau consommé par l'industrie textile, tout en faisant l'impasse sur les composés chimiques ou pétrochimiques utilisés dans le traitement des fibres et des teintures, la styliste Suzanne Lee a développé un concept qui pourrait révolutionner les procédés de fabrication de nos vêtements et tissus.
Ainsi, la fibre obtenue par la styliste n'est pas d'origine végétale, à la différence du coton, du lin ou du chanvre, ne demandant alors aucune surface cultivable pour obtenir cette matière première ni d'utiliser des ressources naturelles. Contrairement à la soie, à la laine ou au velours, elle n'est pas non plus d'origine animale, ce qui devrait ravir les personnes véganes. En effet, les vêtements confectionnés par Suzanne Lee sont entièrement naturels, compostables et d'origine bactérienne.
Durant l'écriture de son premier livre sur le futur de la mode et de l'industrie textile, Suzanne Lee rencontre ainsi le biologiste David Hepworth qui va alors influencer ses recherches et la création du projet BioCouture. Pour obtenir sa fibre textile, la styliste utilise une solution composée de bactéries et de levures qu'elle plonge dans un bain de thé vert additionné de sucre. Ainsi, les bactéries consomment cette solution sucrée pour créer des couches successives de fibres de cellulose bactérienne.
Après plusieurs jours de fermentation, elle peut ainsi retirer une masse de fibres pouvant être modelée, découpée ou cousue. Très fine et transparente, la matière ainsi obtenue ressemble fortement à du cuir non traité et peut être teintée grâce à des procédés de teintures naturelles, à l'instar de ceux développés par Caroline Fourré qui utilise des épluchures de légumes pour teinter les vêtements de sa marque Local Colours. De son côté, Suzanne Lee réutilise également l'indigo naturel, connu pour ses propriétés antibactériennes et donnant à la cellulose bactérienne des airs de blue-jeans.
Seule ombre au tableau actuellement : le pouvoir absorbant de cette matière. Car si les vêtements de Suzanne Lee peuvent finir leur parcours dans le compost afin de se dégrader progressivement et totalement, ils sont aussi susceptibles de se dégrader au contact de l'eau ou de la sueur de la personne les portant. Le prochain défi est donc de rendre cette fibre bactérienne hydrophobe afin que les vêtements puissent être portés, quelle que soit la météo
Loin d'être le seul à penser un futur responsable pour l'industrie textile, ce projet entre dans la ligne de développement de marque telle que Piñatex, recyclant les déchets des culture d'ananas pour les transformer en cuir végétal.
* Images extraites de la vidéo
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