Matraqué à la télévision, dans la presse papier et sur les ondes radio, le message gouvernemental a marqué la mémoire des Français au fer rouge. Les antibiotiques, c'est pas automatique ! La raison de ce slogan qui revient chaque hiver comme un dicton saisonnier est l'antibiorésistance. En se gavant de médicaments pour combattre certaines bactéries, d'autres se renforcent et deviennent de plus en plus difficiles à combattre, résistant aux combinaisons chimiques élaborées par les entreprises pharmaceutiques.
Loin d'être propre à l'homme, l'antibiorésistance se retrouve également chez les animaux des élevages agricoles, où les antibiotiques sont administrés par des vétérinaires pour soigner les bêtes malades et prévenir une contamination du reste du troupeau. Mais dans ce cas, comme chez l'homme, les bactéries renforçant leur protection contre les antibiotiques sont une plaie, dont les conséquences peuvent se retrouver dans l'assiette du consommateur et devenir un problème de santé publique.
En 2009, les infections dues à des bactéries résistantes aux antimicrobiens causaient 25 000 décès dans l'ensemble des pays de l'Union européenne. Pour contrer le problème, Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire a alors présenté en novembre 2012, le plan Ecoantibio dont les objectifs doivent être remplis d'ici 2017. Mesure phare du plan, la réduction de 25 % de l'utilisation des antibiotiques vétérinaires dans les élevages s'accompagne de recherches concernant les alternatives possibles pour rendre plus fort les animaux, sans apport extérieur.
D'autre part, le gouvernement prévoit plus de 20 000 prélèvements par an pour contrôler les résidus médicamenteux (dont les antibiotiques) dans les animaux et les aliments d'origine animale. Ceux réalisés en 2012 ont ainsi révélé la présence de résidus dans 28 cas d'animaux de boucherie (bovins, ovins, caprins, porcins..), quand aucun cas n'a été détecté dans les 2 045 prélèvements effectués dans la filière volailles.
Pour se passer d'antibiotiques vétérinaires, autrement dit démédicaliser, les éleveurs doivent trouver des alternatives, permettant de prévenir le développement des bactéries en renforçant les défenses naturelles des animaux. Comme le rappelle une vidéo du ministère de l'Agriculture, cela passe par certains changements et améliorations dans l'aménagement des bâtiments, le bien-être animal et la nutrition. Déjà engagés dans ce processus de démédicalisation, des éleveurs comme Anne Yvonne Colin, dont le travail est présenté dans la vidéo ci-dessous, sont désormais rejoints par les industriels et les acteurs de la filière agroalimentaire.
C'est ainsi que Brocéliande, filiale de la coopérative Cooperl, a lancé sa gamme de charcuterie "Bien Élevée", fabriquée à partir de porcs élevés sans antibiotiques. Après leur sevrage, les porcelets des éleveurs de la coopération n'auront plus le droit à leur dose d'antibiotique, mais à un meilleur régime alimentaire, sans OGM (<0,9%), pour qu'ils deviennent forts et qu'ils résistent seuls aux bactéries.
Suivant cet exemple, Carrefour vient également de signer un partenariat avec la coopérative FIPSO pour commercialiser du porc élevé sans antibiotiques et nourri sans OGM (<0,9%), sous les couleurs de sa filière qualité. Autre mesure annoncée par Carrefour dans un communiqué, la fin de la castration des porcelets devrait les rendre plus robustes et " un renforcement de leur immunité ".
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